Un think tank regroupe en général des experts produisant des études pour ouvrir des voies innovantes dans le domaine des politiques publiques. Ils ont été particulièrement nombreux dans les pays anglo-saxons dans les années 1960, et leur progression a été importante dans le monde entier à partir de 2000. L’influence des think tank a cru proportionnellement à leur développement, mais leur rôle social et politique est de plus en plus difficile à cerner, entre expertise, conseil et recherche, parfois très proche de cercles politiques identifiés.
Le concept de think-and-do-tank est par contre directement lié à celui de recherche-action. Il concerne des modèles de recherche intégrée dans l’action, ou de recherche pour l’action, qui ont la particularité de mêler des scientifiques, des experts de terrain, des citoyens et parfois même, une part d’entrepreunariat social.
Résurgences se situe exactement dans cette lignée, en développant depuis plus de 10 ans le concept de recherche-action tant dans le sens d’une recherche au service de l’action, que d’une recherche intégrée à l’action. En développant aussi un modèle économique hybride, et un modèle organisationnel dynamique et adaptatif, basé sur l’entrepreunariat social. Les partenariats scientifiques que nous avons pu développer à partir de 2010 avec de nombreux interlocuteurs académiques, nos acquis technologiques et méthodologiques, notre longue expérience de l’innovation sociale depuis 2002, et un contexte favorable à l’émergence d’acteurs créatifs des politiques publiques, nous permettent aujourd’hui de nous positionner avec encore plus d’affirmation dans cette voie.
Résurgences a développé sa propre méthodologie terrain innovante, en mêlant les sciences sociales et les apports de la théorie mathématique de l’interaction. Elle permet de :
La méthodologie employée pour la collecte des données est issue des sciences sociales. Les chercheurs mènent des entretiens exploratoires avec les acteurs concernés par l’étude, quelle que soit leur position systémique (donneurs d’ordre, concepteurs, dirigeants, exécutants, partenaires, bénéficiaires...). Ces entretiens font l’objet d’une retranscription puis d’une analyse, qui permet d’élaborer une grille conceptuelle et de comparer les témoignages. La première partie des entretiens a pour objectif principal de faire ressortir une histoire individuelle et relative du dispositif, puis d’identifier les moments clés d’interaction des acteurs avec le dispositif, ce dernier étant analysé comme un processus. La deuxième phase de terrain porte sur l’analyse de ces moments-clés, l’identification des impacts positifs et négatifs du cadre des dispositifs et du contexte de réalisation. Enfin, la troisième phase de terrain est consacrée à l’analyse en termes de continuités et ruptures du parcours de l’acteur et de la vie du dispositif.
La méthodologie employée pour l’analyse des données est découpée en deux phases.
La première phase consiste à analyser le processus d’interaction de manière statique, en comparant notamment les éléments qui permettent de définir le dispositif et leurs réalisations sur le terrain.
Un dispositif social peut être analysé en trois constituants principaux : la spécification, le modèle de transformation et le contexte. La spécification initiale du dispositif est l’ensemble des attentes définies par les différents acteurs avant la mise en œuvre. Ces attentes peuvent être des spécifications techniques du projet, des définitions normatives (cadre réglementaire, conventions) ou des attentes morales et psychologiques. La spécification peut être aussi définie comme le résultat attendu de la mise en œuvre dans un certain contexte.
Le modèle de transformation est l’ensemble des moyens et des actions à développer pour atteindre la spécification. Le contexte est lui constitué par tous les éléments appelés à jouer un rôle dans la réalisation, qui ne sont pas une spécification déterminée dans le projet, et qui peuvent être impactés par la réalisation. Une fois le dispositif implémenté et réalisé, on peut observer son impact, qui est le résultat de la rencontre entre le dispositif et le contexte réel. On a alors une nouvelle spécification du projet, qui diffère de la spécification initiale, en tant qu’elle prend en compte désormais les éléments réalisés et non plus seulement les éléments projetés.
La deuxième phase consiste à découper le processus d’interaction de manière dynamique, en mettant notamment en lien les attentes des différents acteurs, afin de faire ressortir les points de dissensus et de consensus expérimentés dans le cours de l’action.
Il s’agit cette fois d’observer dans le contexte de réalisation, au cours de l’action, la manière dont les différents éléments du dispositif entrent en interaction pour produire leurs effets. On considère alors que les éléments qui interagissent dans le lieu de la spécification sont convergents et s’intègrent donc dans le processus qui mène à la réalisation de la spécification. A contrario, les éléments interagissant en dehors de la spécification convergent eux-aussi, mais ont pour effet de modifier la spécification initiale pour la rendre réalisable. Enfin, les éléments n’interagissant pas de la manière prévue, ou n’étant pas en capacité d’interagir, sont des éléments divergents qui empêchent la réalisation de la spécification et doivent être pris en compte dans la définition ultérieure du processus de transformation soit pour intégrer de nouvelles possibilités d’interaction, soit pour être abandonnées et isolées de manière à ne pas influer sur le contexte de la réalisation.